La Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) vient de publier les déclarations d’intérêts et de situation patrimoniale des ministres, conformément à la loi.
Le patrimoine net moyen des ministres s’établit à 1,54 million €, soit pas si loin du 1er centile de la distribution des patrimoines nets de la population selon l’INSEE (1,75 million € en 2018). Avec l’entrée au gouvernement de plusieurs beaux patrimoines, le gouvernement s’est nettement embourgeoisé en moyenne, même si l’éventail des situations individuelles est large.
Le patrimoine net médian des ministres se situe à 659k€, soit autour du 6e ou 7e centile de la distribution de la population.
Evidemment, comme dans la population générale, la variété des situations patrimoniales reflète celle des parcours de vue, de la présence ou non de patrimoine reçu de la famille, des parcours professionnelles etc. Les plus beaux patrimoines du gouvernement semblent provenir d’entreprises familiales (distribution automobile, pharmacie), de carrières de cadres de haut niveau dans le secteur privé (souvent avec des passages dans le public), et des professions libérales.
Note: Les ministres déjà membres du gouvernement précédent (Castex) sont indiqués en gras. Les couleurs bleue et rose indiquent l’origine politique (plus ou moins marquée), de la droite (ou du centre) et de la gauche.
La composition des patrimoines des ministres reste largement orientée vers l’immobilier, avec une part de 52% de l’actif brut si l’on y inclut les parts de SCI. En comparaison, la bourse (« instruments financiers ») reste le parent pauvre de nos gouvernants, avec une part de seulement 6% de l’actif brut. Nos ministres sont très prudents dans la répartition de leur épargne financière (l’assurance-vie représente 16% de l’actif brut, même si l’on peut envisager que tout n’y soit pas placé en fonds euros)… et nombreux sont ceux qui gardent des liquidités oisives excessives à la banque (8% de l’actif brut) – sans doute bien au-delà de leurs besoins de liquidités de précaution, sauf à supposer qu’ils attendent la fin du bear market en bourse pour y déployer ces liquidités 😉
Une remarque importante : sans vouloir faire insulte à la HATVP, je pense que certaines de ces déclarations de patrimoine des ministres sont à prendre avec des pincettes :
L’usage de plus en plus répandu des SCI tend à troubler l’évaluation des patrimoines, si la valeur vénale des parts n’est pas correctement évaluée et vérifiée (au regard de certaines déclarations avec des valeurs vénales ridicules sans rapport avec les biens immobiliers, et/ou inchangées depuis des années, perso j’ai un doute, même si c’est techniquement possible via l’endettement).
Certaines valorisations immobilières me laissent rêveur. J’ai notamment relevé 2 ministres déclarant des biens immobiliers à Paris de valeur entre 2 et 4k€ le m2. Sans doute des taudis avec de gros besoins de rénovation…
Une ministre est passée en un an d’un patrimoine déclaré de 37k€ à plus d’un million €. Pas impossible (donation, héritage, loto), mais j’espère que la HATVP a bien vérifié.
Beaucoup de ministres ont dû réviser leur déclaration patrimoniale entre la déclaration initiale (en juin / juillet 2022) et la déclaration finale (en octobre / novembre 2022) après premier examen par la HATVP. Sans vouloir offenser personne, cela m’interroge, et même avec la meilleure volonté du monde je ne suis pas certain que la HATVP ait tous les moyens pour exiger des ministres une totale transparence (même si la procédure engagée contre Mme Cayeux peut laisser espérer le contraire).
A titre perso, je trouve ces déclarations intéressantes pour évaluer les opportunités sur le marché du travail, par exemple les différentiels entre le secteur privé et le secteur public sur des postes d’expertise (je travaille dans le secteur public sur un poste un peu comparable).
Et je peux me comparer (immodestement) à nos élites politiques… même si cette année la comparaison m’est un peu douloureuse : victime de l’effet combiné de la mauvaise année boursière et de l’entrée au gouvernement de quelques beaux patrimoines, j’ai été rétrogradé du 8e au 10e rang face à nos ministres, et l’une d’entre elles avec quasiment mon âge et ma formation initiale a manifestement beaucoup mieux réussi que moi : bravo à elle ! 😉
Si c'est Agnes Pannier-Runacher qui te met la "misère"....je pense que ta place est plus enviable au vu de ses casseroles dont une m'a couté quelques sous ("administratrice indépendante et présidente du comité d’audit du groupe de services maritimes, Bourbon, de 2010 à 2018, notamment lors du placement en redressement judiciaire du groupe et de sa mise en examen en tant que personne morale pour « corruption d’agents publics étrangers »)....